- Je te dois aussi des excuses : j'aurais du attendre pour t'annoncer ça d'une façon plus douce. Mais les morceaux se sont assemblés si vite que j'ai eu du mal à réfléchir correctement pour choisir le meilleur moyen de te faire part de mes conclusions.

Les excuses et explications d'Alan étaient les biens venues et Sarah l'écouta sans l'interrompre. A l'entendre, il avait été tout aussi surprit qu'elle. Soit il était sincère, soit il jouait très bien la comédie. Certes, la jeune femme lui laissait le bénéfice du doute, mais elle ne pouvait s'empêcher de se méfier. Tandis qu'il parlait, elle le détailla du regard, comme s'il s'agissait d'une bête curieuse. Ce type pouvait-il vraiment être son demi-frère ?

- Hmm... tu as encore des questions à poser sur ce sujet ?

Décidément, ce Alan s'adressait à elle comme s'il s'agissait d'une conversation banale. Et surtout, il restait froid et paraissait indifférent, du moins vue de l'extérieur, ce qui ne pouvait s'empêcher de perturber la jeune femme, elle qui était habituée à attirer l'attention.Non, décidément, elle n'arrivait pas à le supporter. Quand bien même il s'agissait de son demi-frère, ils n'étaient pas fait pour s'entendre. Face à lui elle perdait tout son calme, et elle était bien obligée de perdre ses manières distinguées.

- Si tu savais à quel point j'ai du mal à garder mon calme avec toi... A t'entendre on dirait que toute cette histoire ne te fait ni chaud ni froid.

Et c'était vrai. Sarah, elle, avait l'impression d'avoir le poids du monde sur les épaules, elle avait l'impression que sa vie de famille n'était qu'un horrible mensonge et que son père n'était qu'un menteur. Et le pire dans cette histoire, c'était que ce demi-frère inattendu avait un cœur de pierre et n'était pas foutu de se montrer amical.

- Tu ne pourrais pas essayer de te montrer... Plus... Impliqué... ?

Le bon terme aurait été "moins con" surtout.

- J'ai toujours été comme ça... tout du moins depuis quelques temps. Manifester mes sentiments ne m'a jamais apporté quoi que ce soit de bon, donc je tente de garder mon calme au possible. Tu m'en vois navré si j'ai l'air indifférent mais crois moi, ça me bouleverse sans doute autant que toi de découvrir ce lien de parenté.

Sarah se demanda pourquoi Alan prenait soin de dissimuler ses émotions depuis quelques temps seulement, mais ne préféra pas lui poser la question. En tout cas, ses paroles étaient réfléchies et elles eurent pour effet de rassurer la jeune femme, surtout lorsqu'il lui révéla qu'il était sans doute aussi bouleversé qu'elle. Lorsqu'il se comportait de cette façon, lorsqu'il paraissait aussi sincère, Sarah se montrait moins difficile avec lui. Il y eu un moment de silence pendant que la jeune femme rassemblait ses pensées et qu'Alan cherchait ses mots.

- Tu ne m'apprécie pas énormément, hein ?

La jeune femme nota le changement de ton de son demi-frère et le fixa un bref instant. Dans un même temps, elle put réfléchir à ce qu'elle s'apprêtait à lui répondre. Chose difficile. Elle était habituée à être franche, et si elle se montrait aussi vraie qu'elle l'était d'habitude, leur lien s'arrêterait là. Sur le champ. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, enfin de compte... Avoir un frère... Cela changeait bien des choses. Mais cette idée ne lui déplaisait pas, en fin de compte... Si elle décidait de l'ignorer, elle souffrirait de l'adultère de son père pour rien. En acceptant qu'Alan puisse être son demi-frère, elle en souffrirait toujours mais peut-être trouverait-elle un certain réconfort auprès de ce nouveau membre de la famille. Pour toutes ces raisons, après quelques secondes d'hésitations, elle finit par prendre la parole :

- Désolée si je t'ai donné cette impression... C'est vrai qu'on a des caractères vraiment différents... Mais ce n'est pas spécialement après toi que j'en ai... C'est juste que je me sens... Dépassée par tout ça. Mais je suis sûre qu'avec le temps... Si on apprend à se connaître...

Bien que la jeune femme fournissait tous les efforts du monde pour contrôler ses émotions, à la fin de sa phrase, elle ne pu empêcher sa voix de trembler. Après tout, elle n'avait pas versée une seule larme depuis la veille, et bien qu'un court sommeil l'ai calmée, elle était toujours perturbée, surtout face à ce frère dont elle n'avait jusqu'à aujourd'hui jamais soupçonnée l'existence.

Alan lui répondit qu'effectivement, une fois qu'ils se connaîtraient mieux, les choses iraient sûrement mieux. Au moins étaient-ils d'accord sur ce point. La jeune femme ravala ses larmes sur le point de couler et s'éclaircit la gorge, l'air de rien. Peut-être que les choses seraient moins catastrophiques qu'elle en avait eu l'impression au départ. Alan n'était peut-être pas le con prétentieux dont il avait l'apparence.

Sarah soupira et se leva de son fauteuil pour s'attarder sur la décoration de la chambre de son demi-frère. Cette dernière était proche de sa propre chambre. La jeune femme supposait que chaque invité disposait du même confort. Bref, elle essayait de changer ses idées lorsqu'Alan reprit la parole :

- Alors, il y a quelque chose dont tu voudrais parler ?

Alan semblait vouloir changer de sujet et Sarah lui en fut reconnaissante. En quelques minutes, elle se montrait beaucoup moins difficile avec lui. Bizarrement. Peut-être parce que son demi-frère avait su s'exprimer correctement et choisir les bons mots pour expliquer ce qu'il ressentait, peut-être qu'il avait su se montrer délicat. Et rassurer sa nouvelle sœur.

- J'aimerai que tu me parles de toi, en général ...

La londonienne était en train de manipuler un vase dans lequel elle pouvait observer son beau reflet quand un détail lui vint à l'esprit. Elle reposa le vase sur le meuble bas et se tourna vers son frère.

- Hier j'aurai voulu appeler mon père pour lui parler mais il n'y a pas de réseau ici... Et d'ailleurs je n'ai bientôt plus de batterie sur mon portable mais je ne trouve aucune prise pour le charger. Je pensais que les lanternes et bougies faisaient parties du décor mais j'ai bien l'impression qu'il n'y a même pas d'électricité dans ce manoir.

Tiens donc, le courrier ne semblait pas arriver à destination ? Voilà qui était dérangeant. Qu’il n’y ait pas d’électricité dans le manoir ne gênait pas Sarah en soit, au contraire, cela plongeait les invités dans une ambiance d’époque, ancienne et chaleureuse. La seule gêne était que par conséquent, elle ne pouvait pas joindre sa famille. Et d’un autre côté, elle avait à présent plusieurs raisons de ne pas joindre sa famille. Le mensonge et la trahison, entre autres.

Dans un deuxième temps, Sarah fut surprise d’apprendre que la dénommée Angélique était au manoir depuis plus d’un mois. Pouvaient-ils se permettre de prolonger leur séjour au manoir ainsi ? Ou avait-elle noué des liens avec les Northwoods au point d’être invitée pour une durée totalement indéterminée ? La londonienne ne savait pas qu’elle serait sa réaction si on lui proposait de rester autant de temps. Personnellement, elle s’était mis en tête de passer une à deux semaines au manoir, histoire de s’offrir quelques vacances. Mais après tout… La veille elle regrettait d’être venue entre ces murs, à présent, elle espérait profiter un maximum de son nouveau demi-frère et souhaitait apprendre à le connaître.

- Je me renseignerai dans la journée à ce sujet.

Puis Alan s’allongea sur son lit et Sarah ne pu s’empêcher de noter à quel point c’était déplacé de sa part. Mais après tout, il fallait bien qu’elle prenne sur elle si elle voulait qu’ils s’entendent. Par conséquent, elle s’abstint de toutes remarques. Il était peut-être temps pour elle de se montrer un peu plus… Cool.
C’est donc plein de bonnes résolutions (qui bien sûr ne feraient pas long feu car comment changer les habitudes de toute une vie) que Sarah alla s’assoir sur le lit, aux pieds d’Alan. Se tournant vers lui, elle l’écouta attentivement lorsqu’il se mit à parler de lui.

Il lui expliqua qu’il avait apprit plutôt récemment qu’il était né d’un adultère. Sarah ignorait ce qu’on ressentait à cette nouvelle. Parce que même si ça faisait mal à entendre, le père qui nous avait élevé restait notre père ? Peut-être que l’image de notre mère changeait, mais après ?… La jeune femme ne s’attarda pas plus à essayer de comprendre ce qu’avait pu vivre Alan, écoutant la suite de son récit.
Il lui expliqua que pendant une période de sa vie, il avait été le vilain petit canard, une expérience que Sarah n’avait jamais connu non plus, mais elle savait que c’était une place qu’elle n’aurait jamais voulu connaître. Elle, avait toujours été la plus enviée. Alan lui expliqua également que c’était à cause de cela qu’il n’avait jamais été très doué socialement, et la londonienne voulait bien le croire.

Il termina en lui disant qu’il ne savait même pas pourquoi il était ici, si ce n’est l’envie d’exil. Aussi différents soient-ils, Alan et Sarah avaient cette chose en commun : l’envie d’ailleurs.

Ensuite Alan se redressa et demanda à Sarah de parler d’elle. La jeune femme se sentit tout à coup gênée. Sa vie était un conte de fée comparée à la sienne.

- Moi ?… Que dire… Je suis de Londres… Mes parents ont hérité de la fortune des Ravenshill, je n’ai donc jamais eu de problèmes d’ordre financier… Mon avenir est d’ailleurs déjà assuré. Plus jeune j’ai fais beaucoup d’équitation mais j’ai arrêté pour me consacrer à mes études… J’ai eu mon diplôme récemment et en venant ici j’espérais… Découvrir de nouvelles choses, sortir de mon quotidien… On peut dire que ça n’a pas loupé... Puisque tu es devant moi.

- Je ne sais plus si j'en ai parlé hier, alors que Claire était la, mais on ne peut pas trouver les Northwoods de journée... tu vas devoir attendre ce soir, pour ça.

Alan revint sur cette histoire concernant l'absence des Northwoods durant la journée. Une fois de plus, Sarah n'y voyait rien d'étrange ou de mystérieux, c'est pourquoi elle ne releva pas cette fois non plus la remarque de son demi-frère. Elle n'était pas non plus impatience de se renseigner. Elle venait d'arriver et ne ressentait pas ce que pouvait ressentir d'autres invités : l'impression d'être enfermés et coupés de tout. Par conséquent, attendre la soirée pour se renseigner ne la dérangeait pas le moins du monde, elle pouvait bien comprendre que les Northwoods n'étaient pas disponibles, ses parents eux-mêmes n'étaient pas très présent en général, toujours en train de courir après le temps.

Alan acquiesça lorsque Sarah remarqua qu'elle n'avait finalement pas été épargnée par les nouveautés en se rendant au manoir.

Un silence s'installa, pesant. Les deux jeunes gens n'étaient pas encore tout à fait à l'aise, ce qui était bien compréhensif. En effet, ils étaient de véritables étrangers l'un pour l'autre et savaient à présent qu'ils étaient liés au point de devoir se considérer comme frère et soeur. La situation n'était pas simple, et surtout très déstabilisante. Pour autant, Alan fit l'effort de briser le silence en lançant un nouveau sujet de conversation, au grand soulagement de Sarah. Les moments lourds et pesants n'étaient pas son fort.

- Londres, c'est un bel endroit non ? Je n'y suis jamais allé et j'aurais voulu visiter un jour...

Aussitôt après les paroles d'Alan, Sarah eut une grosse pensée pour William qui avait tenu les mêmes propos. Elle se rappela leur rencontre de la veille et sentit ses joues rosirent à ce souvenir. Il fallait vraiment qu'elle le revoit, bien qu'elle serait bien incapable de tenir des propos cohérents, d'autant plus si elle devait lui faire un exposé sur Londres. Plongée dans ses pensées, elle mit un certain à se reprendre et à répondre à Alan. Mieux vaut tard que jamais, non ?

- Ha Londres... Oui, c'est vraiment beau. Mais beaucoup plus banal lorsqu'on est né et qu'on a passé toute sa vie là-bas. Mais ce doit être plaisant à visiter... D'ailleurs qu'est-ce qui t'en empêche ? A présent tu as même toutes les raisons du monde de t'y rendre...

Sarah se voyait déjà flâner dans les grands axes de la capitale, accompagnée de son demi-frère, ce frère qu'elle n'avait jamais eu. Ils auraient très bien pu l'héberger également, après tout, il faisait partie de la famille. Elle aurait été curieuse de voir la tête de son père face à Alan. Son expression quand il comprendrait que la vérité a éclatée au grand jour. Bizarrement, comparé à la situation actuelle, l'imagination de Sarah la poussait à imaginer Alan comme un frère complice et enjoué. Mais ils étaient loin de tout cela, et peut-être n'y parviendraient-ils jamais.

La jeune femme fut envahie par une sensation de colère et se leva du lit pour faire les cent pas dans la chambre de son frère, contrariée.

Alan annonça qu'effectivement, il était envisageable à présent de se rendre à Londres et Sarah en fut contente, bien que trop contrariée pour lui faire part de son sentiment. Alors qu'elle s'était mise à faire les cents pas pour s'éviter une crise de nerf, le jeune homme se leva du lit et posa soudainement ses mains sur les épaules de Sarah qui surprise par ce contact soudain se pétrifia littéralement. D'autant plus que ce geste qui se voulait certainement rassurant venait d'Alan. Jamais elle ne l'aurait soupçonnée d'avoir un tel geste à son égard. Après tout, il s'était surtout montré froid jusqu'à présent, il avait dit lui même ne pas être doué socialement, et surtout ils étaient encore des étrangers.

- Hé, qu'est ce qui te prend ? Qu'est ce qui te met dans cet état ?

Peut-être avait-il dû se rendre compte de la réaction de Sarah, qui paraissait complètement surprise par ce geste, car Alan la relâcha presque aussitôt et recula légèrement en lançant un "C'est ma faute, je suppose". La jeune femme ressentit alors un élan de compassion pour ce demi-frère qu'elle n'attendait pas. Non, ça n'était pas sa faute. Absolument pas. C'était la faute de son père, de leur père. Bien qu'elle ne pourrait jamais lui reprocher d'avoir conçu Alan.

Elle regarda le jeune homme s'assoir, impuissante.

- Si tu as quelque chose sur le cœur, lâche-toi. Au point où j'en suis, je peux bien tout entendre...

La jeune femme mit un moment à se ressaisir. Elle avait beau reprocher à Alan d'avoir été brutal avec elle en lui annonçant la nouvelle de leur lien de parenté, elle avait beau lui reprocher de ne pas être aussi maniéré qu'elle, elle ne lui reprocherait jamais d'être ce qu'il était : son demi-frère.

- Ce n'est pas toi. Ça n'a rien avoir avec toi. C'est à lui que j'en veux ! Je lui en veux de ne pas m'avoir dis que quelque part, j'avais un frère, je lui en veux d'avoir mentit toutes ces années. Je veux bien admettre qu'on puisse avoir des faiblesses, mais dans ce cas-là on éduque pas ses enfants en leur baratinant que la famille, c'est important, en leur inculquant des valeurs sur la sincérité et le respect... Alors qu'à la première occasion venue on s'en va faire des gosses à une autre femme qu'à la sienne ! J'ai été élevée dans le mensonge. Voilà ce qui me perturbe ! Si j'avais connu ton existence plus tôt, les choses seraient certainement plus simple entre nous deux ! Au lieu de ça on se regarde et on se juge comme des étrangers ! Comme si on n'avait rien en commun alors qu'on a le même sang !

Après ce long monologue, Sarah sembla complètement exténuée. Sa peau claire et rosée était devenue particulièrement pâle. De toute évidence, elle ne se sentait pas bien du tout. La jeune femme se laissa retomber dans le fauteuil sur lequel elle était assise un peu plus tôt et baissa les yeux, soulagée et honteuse à la fois d'avoir lâché tout ce qu'elle avait sur le cœur.

Alan avait écouté Sarah sans l'interrompre et lorsqu'elle eut terminé son spectacle et qu'elle se fut assise à nouveau dans le fauteuil, il ne perdit pas de temps pour venir s'accroupir devant elle. Il était tellement plus grand qu'elle que même baissé de cette façon, il arrivait largement à sa hauteur. Ce détail fit frémir les lèvres de Sarah qui n'arrivait pourtant pas à sourire. Et surtout elle était touchée par l'attention que lui portait le jeune homme.

- Je ne te cache pas que j'en veut aussi à ton... enfin, NOTRE père d'avoir couché avec ma mère. J'ai toujours cru qu'elle était quelqu'un de respectable et qui jamais n'irait voir ailleurs quand dans le lit de son époux. Depuis un an, je n'arrive plus à parler franchement avec elle. Je ne sais plus si je dois me confier à elle ou bien garder mes peines pour moi. Pendant dix-huit ans, j'ai vu en elle une mère parfaite et aimable, et du jour au lendemain, j’apprends qu'elle a fait cocu mon père et que j'en suis la preuve vivante.

Alan lui expliqua la situation de son point de vue, expliquant que la relation avec sa mère était gâchée à cause de cet adultère. Sarah le comprenait bien. D'autant plus que tous les jours il devait croiser le père qui l'avait élevé et garder les lèvres scellées, au risque de détruire sa famille. Il ne devait même plus oser le regarder dans les yeux, de peur que son père descelle une lueur de honte. Et surtout... Alan devait se considérer comme... Comme un bâtard ? Pourtant Dieu seul savait à quel point Alan n'avait rien à voir dans cette histoire, il était peut-être pourtant celui qui en souffrait le plus.

- Mais ton père... je sais même pas s'il est au courant de mon existence. Peut être qu'il le sait, peut être pas. Donc, ne l'en blâme pas avant de savoir s'il est au courant de mon existence, d'accord ?

Sarah leva aussitôt les yeux au ciel. C'était plus fort qu'elle. Et surtout elle était bien trop en colère contre son père. Alors qu'Alan lui tapotait la main et allait se rassoir sur son lit, la jeune femme reprenait la parole, d'une voix plus douce que d'ordinaire. Son demi-frère avait réussi à la calmer, c'était une bonne chose.

- Ce n'est certainement pas une excuse... Il a fait ce qu'il a fait, et ça n'aurait été pardonnable que s'il avait avoué sa faiblesse à ma mère... Il est d'autant plus condamnable que s'il ne connaît pas ton existence, c'est qu'il n'a jamais cherché à revoir la tienne, à prendre de ses nouvelles. Et c'est donc qu'il n'était même pas questions de sentiments dans l'histoire, c'était juste purement physique. Et dire que pendant tout ce temps il nous faisait de grands sourires et nous serrait dans ses bras en nous retrouvant...

Un calcul rapide fit comprendre à Sarah qu'Alan était plus jeune qu'elle, d'une seule petite année. Cela signifiait que son père était allé voir ailleurs alors qu'il venait tout juste d'être père, alors qu'il avait un enfant en bas-âge sous sa responsabilité, qu'il avait prit du bon temps pendant que sa femme s'occupait de leur enfant. Cette idée révulsait Sarah au plus au moins et elle manqua de se mettre à pleurer. Heureusement une seconde chose lui vint à l'esprit qui eut pour effet de lui remonter le moral...

- J'ai un petit frère alors...

La jeune femme leva les yeux vers Alan et décrocha enfin un premier sourire, bien qu'encore timide.

Alan rendit son sourire à Sarah et la jeune femme en fut heureuse. Il semblait bien accepter le faite qu'il était le petite frère. Et donc que Sarah était sa grand sœur. Le dire tout haut avait comme soulagé la londonienne d'un poids et elle se sentit beaucoup mieux. Alan se risqua même à lancer une vanne que Sarah attendait puisqu'elle avait elle-même pu le remarquer :

- Oui, mais je reste plus grand que toi.

Peu importe. Elle était bien capable de le mater, et ce quand elle le voulait. La jeune femme était habituée à ce genre de personnage. Ses propres pensées la firent ricaner. Sarah semblait avoir retrouvé sa bonne humeur, d'ailleurs elle avait bien envie d'aller lui coller un coup de poing amical dans l'épaule pour avoir sous-entendu qu'elle était une naine. Cependant elle se retint. Si elle se sentait plus détendue en la présence du jeune homme, elle n'était toujours pas parfaitement naturelle.

- Tu as pris ton petit déjeuner ? Je ne te cache pas que j'ai faim et prendre le mien avec toi ne me dérange pas.

- C'est donc ça ces gargouillis que j'entends depuis tout à l'heure...

Sarah se laissa aller à un sourire complice et se leva, tout en passant sa main dans ses longs cheveux pour les ébouriffer.

- J'ai déjà déjeuné, mais je veux bien t'accompagner. J'suis curieuse de savoir si tu manges aussi grossièrement que tu parles.

Si une fois de plus elle ne s'était pas contrôlé, elle lui aurait bien tiré la langue comme une sale morveuse. Au lieu de cela, elle passa devant Alan et se rendit à la porte de sa chambre.