— Espérons, oui. M'annoncer l'objet de la présence aussi tard le jour de mon arrivée, je doute que ça soit vraiment acceptable.

— Si tu étais fâché de ne pas savoir à l'avance, tu pouvais ne pas venir.

— Le but d'hôtes n'est pas de s'occuper à plein temps de ses invités ?

— C'est la raison pour laquelle je me suis excusé. De plus, nous vous avons, toi et d'autres personnes, invité à séjourner ici. Cela est une chance, même si l'on ne voit pas beaucoup ses hôtes. Le but est surtout de profiter un peu du cadre. Du moins, c'est ce qu'il semble au premier abord, non ?

Plus j'avançais dans ma phrase, plus le ton de ma voix baissait, jusqu'à n'être plus qu'un murmure dans l'ombre de la nuit.

— Sans blague ? Je l'aurais jamais deviné.

OH, pitié, faites que je n'eus plus à supporter ce malotru plus longtemps. Cela faisait moins d'une journée et ems nerfs n'en pouvaient déjà plus. IL fallait que j'en parle à Père. Si cela continuait, je commetrais l'irréparable...
Alors que je pensais frapper à la porte, je m'aperçus qu'Alan était déjà à l'intérieur de la pièce. Si quelqu'un avait été là, il aurait vu mes yeux s'écarquiller. SI j'avais encore été vivant, mon coeur aurait battu plus vite que jamais.

— Alan !

Je m'engouffrai à sa suite et refermai la porte derrière moi tout en jetant à mon père un regard d'excuse.
Depuis toujours, pensais-je, cet homme m'avait fait peur. Je l'aimais, bien sûr — et bien que je doutasse que cela fût réciproque — mais il était effrayant et sévère. Pourtant, j'étais certain qu'Alan ne se laisserait pas vraiment impressioner. Il était fort. Mais qui des deux serait le meilleur à ce petit jeu ?

— Bonsoir, Mr Northwood. Je suis venu car je pense qu'il est grand temps pour moi de savoir pourquoi j'ai été convoqué dans ce coin loin de chez moi.

— Je suis désolé Pèr...

— Silence Drew !

Apparemment, il savait tout de la situation et n'avait pas envie ne m'entendre m'expliquer ou m'excuser. Au fond, je m'en étais douté... Il leva ses yeux clair vers Alan, sans même me regarder. Bah, j'avais l'habitude. Physiquement, nous ne nous ressemblions pas beaucoup. Seul notre couleur de cheveux était identique, bien que les eusse plus longs que lui. Pour le visage et la carrure, j'avais plutôt hérité de ma mère. Mon père, lui, avait un visage dur et des épaule large. Son regard était toujours très froid et sérieux. Il se tenait, là, assis à son bureau, sa pipe posée devant lui, les yeux plantés dans ceux d'Alan.

— Je vois... Je me doutais bien que vous viendriez me voir, Alan. Bien que je ne m'attendais pas à vous avoir dans mon bureau si tôt...

Sans plus faire attention à nous, il alluma sa pipe et se mit à fumer tranquillement.

— La raison est des plus vagues, tu sais. Tu as été choisi pour venir chez nous, simplement. Pourtant, tu ne nous connais pas et nous ne te connaissons pas.

Il émit un petit rire qui m'étonna, ôta la pipe de ses lèvres et regarda à nouevau Alan. Il était sûr de lui, ça se voyait. Que pouvait-on attendre d'autre de la part de Ronald Northwoods ?

— Tes ancêtres ont vécu dans ce village. C'est la raison de ta venue au manoir. Sans doute trouveras-tu cela plus que léger, mais c'est pourtant cela qui t'a ammené ici. Tes origines. Nous avons voulu que tu reviennes sur les traces de tes aïeuls.

— Moi, je trouve que je m'y suis pris assez tard. Je suis étonné d'avoir fait preuve d'autant de patience avant de venir.

— Vraiment ? Une journée complète n’est à mon sens pas beaucoup… Surtout compte tenu du fait que tu es ici pour un petit moment.

Le silence de la nuit empli le bureau enfumé. Une petite fenêtre dans un coin de la pièce laissait entrevoir le ciel étoilé et, n’ayant rien d’autre à faire que d’écouter la conversation, je laissai mon esprit se promener un peu.

— Raison de plus pour que j'aie des explications sur le motif de ma venue.

Il n’avait pas tout à fait tort. Pourtant, son entêtement m’agaçait vraiment. Pourquoi devait-il en permanence être comme ça ?

— C'est trop vague. Nous ne nous connaissons pas et j'ignore ce qui vous lie à moi. Une raison aussi banale ne peut vous pousser à me faire venir ici. Que me voulez-vous ? Je veux une réponse valable et claire, pas une chose aussi... banale et sans bénéfice de votre côté !

Mon père ne recommença à parler qu’à ce moment. Pendant qu’Alan s’écriait ainsi, il fumait à son aise. Les deux hommes se regardaient droit dans les yeux. Alors que ceux d’Alan brillaient d’une colère immense et que ses poings était si serré que je crus qu’il allait se casser quelque chose, mon père affichait un large sourire et ses yeux luisait sous la lumière de la lampe posée sur son bureau. Il ne semblait pas douter ou avoir peur. Il était toujours comme ça. Peut-être, au fond, ne pouvais-je m’empêcher d’admirer ce caractère si fort que je n’avais pas…
Tout autour de la pièce, de vieux livres épais étaient rangés dans des armoires fermées par une vitre. Mon père avait toujours aimé collectionner des livres. Encyclopédies et autres trucs du genre, il adorait cela. Il les avait tous lu des centaines de fois et paraissait tout savoir du monde.

— Cela te déplait d’être ici ? Pourquoi ne voudrions-nous pas inviter des gens chez nous ? Nous sommes riches, mais le manoir est bien trop grand pour nous tous. Le partager n’est pas déplaisant. Quoique, lorsque l’on a affaire à des gens grossiers… Enfin, je ne vois pas pourquoi je devrais vous donner une réponse différente de celle-ci.